Pipeline Blues Logo

Mémoire de Yves Robert

Présenté aux membres de la commission du B.A.P.E.
Concernant le projet de prolongation du Gazoduc TransQuébec and Maritimes Août 1997

Monsieur le Pr?sident,

 

J’aimerais profiter de l’occasion qui m’est donn?e pour exprimer mes doutes et mon d?saccord sur le projet du gazoduc pr?sentement en discussion.

 

Doute sur l’int?grit? des promoteurs

 

A l’automne 1996, des gens, autres que ceux autoris?s ? chasser, sont entr?s sur mes terres. Je n’ai jamais eu de visite ou re?u d’appel t?l?phonique pour me demander la permission de faire les pr?lev?s n?cessaires pour le gazoduc T.Q.M., projet si bien cach? par les promoteurs. ?tant donn? que j’?tais au travail, (je me permets ici une petite paranth?se: de nos jours, quand on ach?te une ferme et que l’on n’est pas fils ou fille d’agriculteur, nous devons travailler ? l’ext?rieur, en plus des travaux de la ferme.), mon voisin, M. Normand Lamoureux, a eu la bonne id?e d’aller voir ces gens et de leur demander qui ils ?taient et ce qu’ils faisaient chez nous. La r?ponse obtenue: ? On passe le gaz ici ?. Quelle r?ponse! Ces gens ont dit qu’ils viendraient me voir dans le courant de l’avant-midi pour me demander la permission de passer chez nous ainsi que de me mettre au courant du projet, mais ils ne sont jamais venus.

 

Le 29 janvier 1997, ? la r?union d’information d’Ayer’s Cliff, (r?union ? laquelle je n’ai jamais ?t? invit? en tant que propri?taire concern?, une chance qu’un voisin m’a appel? pour m’en informer). M. Urgel Delisle s’excusait du fait que des gens sont entr?s sur la propri?t? priv?e et promettait de r?gler ce probl?me.

 

Le, ou vers le 27 mai 1997, des employ?s de Gaz M?tropolitain, arr?tent sur mes terres, sans venir me voir au pr?alable. Comme il ?tait l’heure pour moi de partir pour le travail (je suis conducteur d’autobus scolaire), j’arrive ? leur hauteur et leur demande de parler ? la personne en charge. A ma question ? Que faites-vous ici chez moi ?, Monsieur Desroches, le responsable, me r?pond avec arrogance: ? Je ne suis pas chez vous, mon camion est sur la route ?. Je lui demande alors: ? Et vos appareils, vos employ?s  ?, il me r?pond alors ? Je suis un ex?cutant et je peux passer o? je veux ?.

 

Tr?s choqu? des r?ponses obtenues, je dois quand m?me partir pour ne pas ?tre en retard, en laissant ces personnes que je ne connais pas chez nous. A mon retour, deux heures plus tard, je fais les d?marches pour les expulser. Apr?s plusieurs appels t?l?phoniques ? Madame Marielle Jean du B.A.P.E., Monsieur. St?phane Bertrand, M. R?jean Racine de Urgel Deliste et ? la S?ret? du Qu?bec, j’expulse ces gens de ma propri?t?.

 

Le 4 juin 1997, ? la r?union d’information de Magog, M. Delisle s’excuse encore, long comme le bras, et promet que cela ne se reproduira plus, encore une fois.

 

Le 5 juin 1997, une camionnette de location passe devant chez moi sans s’arr?ter, pour se stationner un peu plus loin dans un de mes champs de soya frais sem?. Apr?s avoir attendu quelques minutes leur visite, je d?cide de les expulser encore une fois.

 

Les 25 et 26 juin 1997, durant les audiences publiques ? Magog, les promoteurs s’excusaient, pour la troisi?me fois, que cela ne se reproduirait plus. Le 27 juin 1997, lors de la derni?re soir?e des audiences publiques ? Magog, Monsieur Miller d?pose une plainte au sujet d’une visite sans avertissement et M. Delisle, comme il sait si bien le faire, donne des excuses et promet que les petits travailleurs vont ?tre cong?di?s s’ils recommencent.

 

Le 4 juillet 1997, au lendemain de l’audience publique de East Hereford o? les promoteurs s’excusaient encore des visites sans permission, quelqu’un entre dans un de mes p?turages, d?place une cl?ture ?lectrique et fait peur ? mes animaux. Encore une fois! Vous avez d?, d’ailleurs, avoir re?u une plainte officielle ? ce sujet (voir lettre dat?e du 7 juillet 1997, annexe #1). La personne en charge, M. Jean-L?o Guimont de la firme Johnson Vermet et des employ?s des Laboratoires Shermont sont partis ? ma demande. Suite ? cet ?v?nement, M. Guimont est revenu me voir pour se justifier. Au retour ? la maison, vers 15h00, Monsieur Barbeau, de la firme Janin Construction, m’appelle pour s’excuser et me dit que des t?tes vont tomber!

 

Monsieur le Pr?sident, dans ce contexte, apr?s tout ce manquement de respect ? la propri?t? priv?e et des gens, permettez-moi de douter de la bonne foi et de l’honn?tet? des promoteurs.

 

 

Calcul du montant forfaitaire

 

Une autre de mes pr?occupations, c’est la fa?on dont on calcule les pertes en bois?. Pour ma part, si je calcule qu’en coupe s?lective, je peux perdre 1.5 cordes de bois en revenus par ann?e, comment se fait-il que je ne re?ois pas une somme ?quivalente ? $16,500/acre pour le terrain forestier (voir annexe 2).

 

Impact environnemental

 

Ayant assit? aux audiences publiques de Magog, j’ai pu constater que les

promoteurs ?taient pass?s ma?tres dans l’art du patinage, en r?pondant de fa?on ?vasive ou en ?vitant carr?ment de r?pondre ? nos questions qui nous pr?occupent au plus haut point. Une question qui est rest?e sans r?ponse pour moi est l’impact des vols d’h?licopt?re ? basse altitude sur les animaux. En ce qui me concerne, j’ai un troupeau d’environ 200 brebis qui sont au p?turage d?s le printemps. Ces brebis sont, en majorit?, gestantes gr?ce ? diff?rentes techniques d’induction des chaleurs connues des producteurs d’agneaux afin d’avoir des agneaux pr?ts ? vendre pour No?l. A ma connaissance, aucune ?tude d’impact n’a ?t? effectu?e pour conna?tre le taux d’avortement caus? par les vols d’h?licopt?re ? basse altitude. Par exp?rience, j’ai pu remarquer que les animaux sont effray?s par le bruit et paniquent ? la vue d’un tel engin. Quand une brebis gestante est effray?e, paniqu?e, le taux d’avortement est tr?s ?lev?. D’apr?s les calculs que j’ai effectu?s, une perte de 10% d’agneaux morts avant la naissance m’occasionnerait des pertes de revenus annuelles de $9,000.00 lorsque je serai ? mon plein rendement, c’est-?-dire avec un troupeau de 400 brebis et plus (Voir annexe 3). Ces chiffres sont des pr?visions parce que ni les promoteurs ni le M.A.P.A.Q n’ont fait une ?tude d’impact.

 

Une autre question qui m’est venue ? l’esprit apr?s les audiences est qu’apparemment, un bruit provenant du tuyau peut ?tre per?u. Comme nous savons que les animaux sont tr?s sensibles aux sons, et m?me aux ultra-sons, quels sont les effets de ces sons sur nos brebis gestantes et en lactation? Il y aurait, apparemment, des effets sur la production de lait, ce qui viendrait hypoth?quer le rendement de croissance des agneaux allait?s, lesquels sont allait?s jusqu’? l’?ge de deux mois.

 

Suggestions du trac?

 

Dans le contexte actuel, nous ne pouvons accepter de laisser passer ce tuyau dans le sol, autant pour les impacts n?gatifs sur l’environnement vital de nos brebis, que pour l’environnement en g?n?ral. Comment pourrait-on justifier cette d?cision ? nos enfants, qui dans 25, 30 ou 35 ans, seront pris avec ce tuyau dans le sol. La raison ? C’est pas grave, je ne serai plus l? ? ce moment ? a d?j? ?t? utilis?e pour des d?cisions qui ont ?t? prises dans le pass?, sans ?gard ? l’avenir de nos enfants, de nos petits-enfants, et des g?n?rations ? venir. C’est pourquoi il y a tant de probl?mes environnementaux actuellement.

 

Le but pour un tel gazoduc est apparemment seulement p?cunier (alors pourquoi un gazoduc?). C’est pour que des promoteurs puissent faire de l’argent en vendant du gaz aux Etats-Unis. Ce n’est pas pour des raisons humanitaires (comme amener de l’?lectricit? en milieu rural durant les ann?es 40, 50), ou encore pour le bien-?tre des citoyens (comme par exemple permettre aux habitants de chauffer leurs demeures). Pour moi, il est inconcevable qu’on d?truise un milieu agricole, forestier, des mar?cages, qu’on mette en p?ril des esp?ces animales, v?g?tales, juste pour le profit de certains actionnaires en mal de faire de l’argent. Nous croyons ? l’int?grit? de notre territoire.

 

Si les am?ricains veulent ? tout prix du gaz naturel canadien, pourquoi ne supportent-ils pas les impacts environnementaux inh?rents ? ce gazoduc?

Ou bien pourquoi n’utilise-t-on pas le trac? existant qui part de Montr?al vers Portland en passant par Highwater appartenant ? Mobil Oil et ses partenaires.

Ou une autre suggestion, pourquoi ne retient-on pas le projet de Maritimes et Northeast Pipelines (M. & NE) qui, soit dit en passant, re?oit l’appui du gouvernement du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse.

 

Ou encore, une autre solution serait celle de Tatham Offshore, une compagnie texane qui voudrait construire un gazoduc double qui acheminerait tout le gaz de l’?le de Sable et le p?trole d’Hibernia. Ce gazoduc en bonne partie sous-marine courrait sur 2200 kilom?tres de Terre-Neuve au Massachusetts (voir annexe #4).

 

En conclusion, j’aimerais mentionner que les promoteurs n’ont pas respect? les propri?t?s priv?es ainsi que nous, propri?taires concern?s par le passage du gazoduc. J’ai encore des doutes sur le fait qu’il n’y aurait pas un deuxi?me ou un troisi?me gazoduc ou encore une station de pompage dans notre voisinage Est-ce que nous nous retrouverons avec plusieurs servitudes, comme nous pouvons le voir ? Stukely?

 

Je me demande jusqu’? quel point les promoteurs prennent au s?rieux nos pr?occupations et nos peurs.

 

Pour ma part, je suis contre ce trac? du gazoduc qui passe par les Cantons de l’Est.

 

Je vous remercie, Monsieur le Pr?sident.

 

 

Yves Robert

Bergerie des Lys

855, chemin du Br?l?

Ste-Catherine-de-Hatley (Qu?bec)

J0B 1W0

 

 


ANNEXE 2

 

Calcul du montant forfaitaire en terrain forestier

 

 

 

1.5 cordes par ann?es x 100 ans = 1,500

x $100.00/corde

$15,000.

Terrain/acre + 1,500.00

$16,500.00/acre

 

 

 


ANNEXE 3

 

Calcul des pertes encourues par les avortements

caus?s par les vols d’h?licopt?re

 

400 brebis x 1.5 agneaux/ par ann?e: 600 agneaux

Perte projet?e x 10%

60 agneaux

Prix par agneaux x $150.00

 

$9,000.00$/ann?e

 

Ceci repr?sente la perte annuelle estim?e


Go Top

Go to Briefs Index

Go to Pipeline Blues Index